(Un grand merci à @Walter_Start pour avoir été à cet événement et pour ce très bel article !)
Les 16 et 17 Mars ont eu lieu les premières manches du championnat e-sport de la FIA sur Gran Turismo Sport. Véritable événement dans le monde de l’e-sport et du sim-racing, et raison d’être du titre de Polyphony, nous avons été invités à couvrir le lancement de la deuxième saison du championnat.
Et le moins que l’on puisse, c’est que sur la ligne de départ des compétitions e-sport, Polyphony a bien chauffé les pneus et le moteur…
C’est dans le cadre prestigieux et printanier du Pavillon Gabriel, qui abrite le studio de télévision du même nom, que Sony a choisi de lancer ce week-end de Mars la deuxième saison du déjà réputé FIA-Gran Turismo Championship, après une première saison qui a laissé entrevoir un potentiel fou, que ce soit le niveau de la compétition, l’organisation technique et humaine digne d’une retransmission d’un Grand Prix de F1, ou les retombées commerciales avec des audiences montant en flèches qui ravissent ses partenaires. Autant dire que les attentes et les ambitions sont grandes pour ce championnat qui est appelé à perdurer.
Mais d’abord, c’est quoi, le championnat FIA-Gran Tursimo Championship, que nous appelerons pour la suite de cet article le FIA-GTC ?
Le FIA-GTC est, comme son acronyme l’indique, le championnat du monde de Gran Turismo, régie à la fois par Sony, Polyphony, et la FIA, et se court (car c’est bien le terme) sur Gran Turismo Sport, dernier opus massivement online de la licence sorti en 2017 sur PS4, qui après un lancement houleux s’est heureusement bonifié a force de mise à jour mensuelles avec du contenu gratuit, un moteur physique n’ayant pas de leçons à recevoir des simulations les plus pointues, et le fameux mode « Sport », le cœur du jeu, a désormais un matchmaking efficace a base de fair-play ou tout le monde peut savourer chaque course sans subir un manque de respect de votre adversaire ou un remake improvisé de Wreckfest a chaque partie !
Deux facteurs ont contribué à la création du championnat. Le premier, c’est la GT Academy, cette école de pilotage pour joueurs de Gran Turismo, qui a prouvé que le passage du pilotage virtuel au pilotage réel était possible, et a pu lancer des carrières, comme celle de Lucas Ordoñez. L’espagnol, premier vainqueur de la GT Acacdemy, a depuis eu une belle carrière qui continue aujourd’hui chez Bentley en GT3. Il est également présent à Paris pour commenter dans la langue de Cervantès les exploits des pilotes ce week-end !
Le deuxième facteur fut la réflexion qui s’est posé à la FIA, la Fédération Internationale de l’Automobile, et a son président, Jean Todt, que les fans de F1 connaissent bien pour avoir l’impitoyable et efficace team-manager de la Scuderia Ferrari durant les années Schumacher.
« A quoi ressemblera le sport automobile dans 100 ans ? » C’est avec cette question que s’est ouvert des pourparlers avec Kazunori Yamauchi, lorsque Todt lui demande quel est sa vision du futur. Il faut dire qu’en ce moment, avec la multiplication des scandales financiers et techniques (Dieselgate chez VW, l’affaire Ghosn, les airbags Takata défectueux), la surenchère des coûts qui freine la carrière de pilotes et l’engagement de constructeurs, et l’inquiétude causé par le réchauffement climatique, le sport automobile n’a plus forcément la côte, même avec des initiatives comme la Formula E. C’est alors que l’idée du FIA-GTC émerge, pour prendre la forme d’un championnat e-sport qui repoussera encore les limites entre le virtuel et le réel.
Après plusieurs années à trouver des solutions et à vaincre les doutes chez les potentiels partenaires, Le FIA-Gran Turismo Championship nait en 2018, et devient plus qu’un championnat e-sport de plus. Il est à la fois le tout premier championnat mondial de sport-électronique consacré aux simulations automobiles, et le premier à être officiellement reconnu et régi par une organisation sportive mondiale (en l’occurrence, la FIA).
La première manche d’exhibition se déroule lors des 24 Heures du Nurbrurging (les vraies !) en Allemagne, et fut un véritable succès. S’ensuite un autre « World Tour » à Salzbourg, en Autriche, dans le Red Bull Hangar-7, et des finales continentales devant qualifier les meilleurs joueurs venant d’Europe, d’Amérique, et d’Asie-Pacifique organisée respectivement à Madrid, Las Vegas, et Tokyo. En Novembre, La finale mondiale pose ses valises à Monaco, lieu culte pour les fanas de mécanique, et voit la victoire en Nations Cup du Brésilien Igor Fraga et en Manufacters Cup de Lexus, avec une équipe composée de l’Américain Tyrell Meadows, du Japonais Kanata Kawakami et du Français Vincent Rigaud. Tous sont allés chercher leurs précieux trophée au gala de la FIA à Saint-Petersbourg, aux côtés des « vrais » champions du monde comme Lewis Hamilton, Sébastien Ogier ou Jean-Eric Vergne !
C’est beau comme histoire, mais comment ça se passe, une manche du FIA-GTC ? Et c’est quoi, la Nations Cup et la Manufacters Cup ?
Rassurez-vous, rien de compliqué ! Les manches se déroulent comme des tournois.
Pour la Nations Cup, qui peut être assimilée à un championnat du monde des pilotes, les choses se déroulent ainsi :
- La Nations Cup est une course de type sprint, ou chaque pilote court pour sa nation. Plusieurs pilotes peuvent ainsi représenter un seul pays (Le Japon est représenté par 4 pilotes par exemple). Un changement de gommes pneumatiques est obligatoire durant la course.
- Une séance de qualification départagera les 24 meilleurs joueurs dans les groupes A et B. Ils sont 12 par groupe, et sont répartis équitablement.
- Une deuxième séance, cette fois avec les 6 meilleurs, détermineront les 3 meilleurs positions sur la grille de départ de chaque groupe. La aussi, ils seront répartis de manière équitable.
- Suivent alors deux courses en demi-finale, une par groupe, qui verra les 4 premiers de chaque course se qualifier pour la finale. De la 5ème à la 10ème place, les concurrents ayant terminé à ces places passent alors en course de Repêchage. Les 11ème et 12ème de chaque course sont malheureusement éliminés.
- La course de Repêchage permet aux concurrents ayant terminé entre la 5ème et la 10ème place de chaque demi-finale d’avoir une deuxième chance pour se qualifier en finale. Les 4 meilleurs rejoindront la finale. Les autres sront éliminés.
- Le plat de résistance, la finale, est disputée par les 12 meilleurs pilotes au volant la plupart du temps de la Red Bull X2014. Le vainqueur de la Nations Cup est évidemment celui qui gagne la finale !
Pour la Manufacters Cup, qui est une course en équipage, comme aux 24 Heures du Mans, les choses sont un peu différentes :
- La Manufacters Cup est une course en équipe ou trois pilotes, généralement un par zone (Amérique, Europe, Asie-Pacifique), représente un vrai constructeur (!). 12 constructeurs sont présents, comme Lexus, Mercedes, Renault ou encore Nissan. Les trois pilotes doivent courir dans quatre courses et gagnent des points pour leur constructeur. Les trois premières courses sont des épreuves sprints, ou chaque pilote court une course entière avant de rouler en équipe lors de la finale.
- Comme en Nations Cup, une séance de qualification détermine la grille, cette fois sans éliminations ou partage en groupe. Les places pour la course 1 sont définitives de la 7ème à la 12ème place.
- Une autre séance de qualification verra les 6 meilleurs constructeurs de la précédente séance se disputer la pole position pour la course 1.
- Le résultat de la course 1 détermineront la grille de départ de la course 2. Les points accumulés au général lors des deux premières courses détermineront la grille de la course 3.
- Les points cumulés après la course détermineront la grille de départ de la course finale, ou chaque pilote doit rouler au moins cinq tours et ou deux changements de gommes sont obligatoires. Les points marqués lors de la finale sont doublés.
- Le tableau des points est le suivant :
1er : 12 points
2ème : 10 points
3ème : 8 points
et ainsi de suite jusqu’à la 10ème place. Les points sont doublés lors de la finale.
Les deux tournois se déroulent parallèlement, la Manufacters Cup le Samedi et la Nations le Dimanche, avec une journée de qualifications et d’essais le Vendredi. La compétition vise large pour sa diffusion : Le live stream est retransmis en 7 langues (Anglais, Français, Allemand, Italien, Espagnol, Portugais et Japonais), et est diffusé sur YouTube, Facebook, Twitter, Instagram et Red Bull TV !
Maintenant que vous êtes introduit à ce qu’est la FIA-GTC, Concentrons-nous sur le week-end en lui-même, avec l’auteur de ces mots ! Présentons-nous. Mon nom est Gauthier Démaret, 31 ans, photographe freelance spécialisé dans l’automobile et le cosplay ! Lorsque Sébastien m’a proposé de couvrir l’évènement pour Neitsabes.fr et de prendre l’invitation de PlayStation France, l’opportunité pour le fan de sports mécaniques et joueur de GT que je suis était trop belle pour que je la laisse passer. Je l’ai pris à deux mains, et vouerait ses prochaines semaines à couvrir en textes et en images ce qui s’annonçait être une fête de l’automobile.
Après avoir appris mon invitation quelques jours avant le début des hostilités, j’étais excité, mais également effrayé, d’assister à ce qui est mon premier grand tournoi e-sport professionnel. Je me demandais un peu, en entrant dans ce chic et cossu pavillon, aux abords des Champs-Élysées et de la Place de la Concorde, à quelle sauce j’allais être mangé.
Plusieurs choses sont là pour vous dire que l’ambiance n’est pas celle auquel vous vous attendez pour ce genre d’évènements… mais qu’un habitué des circuits et des salons automobiles comme moi, va vite retrouver ! En marchant vers le pavillon, le photographe automobile que je suis ne peut manquer les trois modèles garées devant le Pavillon : Une Alpine A110 entièrement habillée d’un blanc pur, une maquette de la sculpturale Lamborghini Huracan GT3, et la véritable star a quatre roues du week-end: la Toyota GR Supra ! Si les mauvaises langues diront que c’est juste une BMW Z4 déguisée en coupé par Toyota (le châssis et le moteur sont les mêmes, mais sont modifiés chacun de leur côté), d’autres comme moi sont séduits par ces lignes fluides et musclées, mais en ayant une taille fine. Les badauds passant devant elle sont subjugués, et ils se fichent bien de savoir si c’est une vraie Toyota ou une fausse BMW !
La première chose que je vois en quittant l’accueil (qui se fait en anglais !) et en prenant mon passe média, c’est les pilotes qui sont déjà aux bornes pour s’entrainer ! Beaucoup de leurs compagnons d’armes sont derrière les deux pilotes qui accumulent de l’expérience pour le reste du week-end ; certains n’hésitent pas à comparer leurs temps au tour ou leurs trajectoires. Je reste là, à leurs côtés, sans rien dire, à être déjà fasciné par leur concentration et leur volonté à être meilleur, tandis que de l’autre côté, le « lounge » ou se mélange pilotes, managers, staff, journalistes, invités et autres serveurs, ressemble à une fourmilière entièrement (?) blanche, ou l’on parle de GT évidemment, mais aussi de leur dernière acquisition mécanique, de voitures propres, de la saison de F1 qui allait aussi démarrer ce week-end-là, ou encore de la Toyota Supra qui trône devant l’entrée.
Aucun doute possible tandis que je suis rassuré de retrouver cette ambiance familière, conviviale et professionnelle à la fois: Ce n’est pas un tournoi e-sport comme un autre. C’est une course automobile en salle. On est ici entre connaisseurs et connaisseuses. L’ambiance est presque la même qu’a l’EPrix de Paris ou aux 24 Heures du Mans, les sirènes et tenues bariolées du public et l’odeur de saucisses grillées en moins. D’ailleurs, les mets préparés au lounge sont autrement plus raffinés…
Une fois pris mon déjeuner, le staff appellent toutes les parties pour assister à la conférence de presse qui a lieu dans le studio. Tous y vont sans bousculades, chacun a sa place, disséminé harmonieusement.
La encore, c’est une vraie démonstration de moyens qu’a mis en place Sony. Le choix du Pavillon et du Studio Gabriel fait alors sens : le plateau télé, utilisé lors de débats pilotiques et aussi pour « Vivement Dimanche » est baigné du bleu PlayStation tandis que la scène est remplie par 12 bornes équipées d’une TV Sony Bravia, d’un siège Récaro, et du volant officiel de la compétition, le Thrustmaster T-GT. C’est là que se déroulera la compétition. Mais derrière, c’est une véritable armée d’ingés son, de régisseurs, de monteurs et de caméramans qui s’activent pour ne rien rater de tout ce qui se passe dans la pièce. Un plateau à l’effigie du logo du jeu sert de présentoir aux commentateurs anglais, les Britanniques Jimmy Broadbent et Tom Brooks. C’est ce dernier qui commence la conférence de presse, et donc le lancement de la saison 2.
Durant cette conférence, que Yamauchi-San rejoindra, nous apprenons alors le succès de la saison 1, mais également des chiffres concernant le jeu ! Si vous aimez les chiffres, vous allez les avoir sur un plateau d’argent !
- 7 Millions de joueurs possèdent un compte actif sur Gran Turismo Sport. Ce qui signifie que Gran Turismo Sport s’est sans aucun doute vendu à plus de 7 Millions d’exemplaires.
- La moitié des joueurs de GTS, soit 3,5 millions, ont participé a au moins une course en salon privé.
- 1,5 millions d’entre eux ont participés aux courses quotidiennes en ligne.
- 385000 joueurs ont couru dans les courses FIA (qui peuvent vous qualifier pour le World Tour)
- Tous les joueurs de GTS ont accumulé 179 Millions d’heures joués, participé a 283 millions de courses, tous modes confondus, et roulé sur plus de 12 milliards de kilomètres. Suffisant pour faire 40 fois l’aller-retour entre la terre et le soleil !
- Les joueurs ont également pris 33 Millions de photographies tandis que 51 millions de décorations ont été créés pour leurs voitures.
- Concernant la saison 1 du FIA-GTC, 16,3 millions de personnes ont assisté au live tout le long de la saison, dont 8,4 millions rien que pour la Finale à Monaco ! C’est sur Facebook Live que les streams sont les plus regardés, Youtube étant la seconde source. Ce succès d’audience a permis au FIA-GTC d’être le premier championnat e-sport consacré aux simulations de course, en termes d’audiences, dès sa première saison.
La conférence se termine sur les attentes des pilotes champion en titre que sont Igor Fraga en Nations Cup, et Vincent Rigaud et Kanata Kawakami, Tyrell Meadows étant absent et remplacé par son compatriote Felix Castro ce week-end.
Vient alors pour les médias du temps pour leurs interviews. Je décide alors de prendre part à une table ronde de quelques minutes, ou seul une petite douzaine de personnes, à l’abri des regards, pourront s’entretenir avec le maître, Kazunori Yamauchi lui-même ! L’émotion me comble au moment où j’entre dans la pièce avec d’autres journalistes.
Aux côtés de son interprète, toujours affublé de son bloc-notes, Yamauchi, ou Kaz comme il est appelé partout ici, est un homme fascinant à écouter et habité par sa passion quand on lui parle du sport automobile, mais aussi de ses autres passions: l’art, la photo, la musique. Je décide alors de lui poser de lui poser ma première question, de ma voix un peu tremblante et de mon anglais tout cassé.
« Est-ce que le concept Vision GT, où les constructeurs font essayer aux joueurs de Gran Turismo leurs concepts-cars avant de les amener dans les salons réels, va continuer ? »
-« Bien sûr ! Le Vision GT est un travail de longue haleine, et d’autres concepts vont arriver sur GTS et dans les prochains jeux de la série. C’est un projet qui, à mon sens, ne s’arrêtera pas de sitôt. (rires) »
C’est plutôt une bonne nouvelle. Lorsque que quelqu’un lui demande combien de voitures il a essayé pour les besoins de la série depuis 1997, un éclat de rire sort de la pièce. « sachant que j’essaye en moyenne 40 voitures par an, sur 20 ans, ça fait… beaucoup ! »
Sur ses attentes sur la saison 2 : «On n’a pas vraiment d’attentes. On a vu ce que ça a donné pour la première saison, et c’est un bon résultat. On a décidé avec la FIA de faire les choses ainsi. On fait les choses, nous voyons ce qu’il se passe, et nous nous adapterons ensuite. Les choses vont dans le bon sens, en tout cas. »
C’est alors à moi que revient la dernière question. J’ai dû alors demander à Jérôme de Sony (merci encore !) s’il était possible qu’il puisse me traduire en anglais, tellement j’étais submergé par l’émotion ! Ce qui ne manque pas de faire sourire toute la pièce avec bienveillance. Voici la question ou on apprend quelque chose qui va sans doute réjouir les fans hardcore de sport-auto… et les Belges 😉
« A la fin du mois aura lieu la mise à jour qui introduira la Super Formula, la cousine japonaise de la Formule 1, le 29 Mars. Comme les organisateurs peuvent parfois être carrés sur certaines choses comme le calendrier, va-t-on voir apparaitre dans GTS d’autres circuits japonais, comme Sugo, Okayama, ou Motegi, qui font partie du calendrier de la Super Formula, mais aussi du Super GT ? »
Yamauchi a la réputation de donner des réponses évasives. Mais il a été clair.
-« Bien sûr. L’arrivée d’autres circuits japonais est quelque chose sur lequel nous travaillons, et ça va arriver ! Mais avant, des circuits d’autres pays vont arriver. »
Je précise : -« Comme Spa et Silverstone ? »
Réponse : « Oui ! Ils vont arriver. »
Cependant, précisons tout de même cette information : le circuit serait déjà prêt et modélisé, mais la seule chose qui bloque l’arrivée du célèbre circuit sera tout simplement une question de renouvellement de droits, puisque la direction du circuit a changé entre temps. Des négociations entre Polyphony et la gestion du circuit seraient en cours. Mais nous gardons bon espoir que Spa finira par arriver dans Gran Turismo Sport.
La table ronde se termine, et je demande s’il est alors possible de prendre une photo avec lui… mais il s’est en allé ! Avant qu’il revienne sur ses pas, avec un grand sourire, et en me demandant de venir près de lui !
Ayant grandi avec Gran Turismo, qui m’a rendu davantage passionné de sport auto que je ne l’étais déjà, et même si j’ai pu être critique sur certains des opus, rencontrer celui qui est le papa du jeu de course moderne fut exceptionnel. Après la photo, je ne vous cache pas que j’ai dû m’isoler un moment pour m’en remettre ! Et dire qu’on va se croiser tout le week-end. Il est comme ça, Kazunori. Loin de l’image parfois austère que ses jeux peuvent dégager, sa passion et son dévouement pour celle-ci n’a d’égal que sa gentillesse et son accessibilité. Même pour quelqu’un de maladroit !
Après toutes ces émotions, retour au lounge pour un moment de flottement en attendant les premières qualifications, pour la Manufacters Cup. Le Pavillon Gabriel a l’avantage d’être concentré sans être embouteillé ; on y circule librement, entre les tables, le traiteur, les bornes, et le bar sur la terrasse couverte où des interviews se font sur les tables hautes. Suit alors les premières sessions de qualifications, où la machine technique et humaine du live stream se met en marche, en même temps que l’échauffement des pilotes.
Parlons-en un peu des pilotes. On pourrait penser qu’avec la professionnalisation de l’e-sport, les pilotes du FIA-GTC ont le même train de vie que les joueurs de LoL ou de Starcraft 2, avec un manager sans arrêt a leurs basques, et s’entrainant des heures en suivant un régime draconien. Eh bien, c’est vrai… pour très peu d’entre eux. Même les as de la compétition, comme le champion en titre Igor Fraga ou Mikail Hizal, s’ils sont devenus des joueurs pros, ont une vie à côté. Le Brésilien est un véritable pilote de course, et sa victoire de la Nations Cup 2018 lui a ouvert quelques portes. Il va d’ailleurs courir en Formula Regional European Championship, un championnat de Formule 3 continentale, tandis que l’Allemand est un étudiant en ingénierie mécanique. Et pourtant, Hizal fait partie de la plus redoutable équipe que le monde du Sim-Racing ait connu : la Team Redline, ou ses coéquipiers sont les vrais pilotes de F1 Max Verstappen et Lando Norris ! Si vous avez encore un doute sur le fait que le sim-racing n’était que du jeu vidéo…
Les autres pilotes, s’ils font aussi parti de team e-sports, ont tout de même leur boulot quotidien, ou leur hobby propre. Certains sont des étudiants, d’autres sont cadres ou employés. Il suffit d’entendre Pierre Lenoir, un des français de la compétition, hilare face à son « boss » qui le chambre sur sa préparation à base de verre de bière (heureusement qu’il pilotait pas le lendemain !) « non mais tu sais que mon patron est plus relax que toi sur ça ! Je ne vais pas me coucher a l’heure des poules ! »
Eh oui, s’ils sont de vrais professionnels sur un volant et que le sourire cède la place à un regard concentré et déterminé, les pilotes restent des hommes comme les autres. D’ailleurs, la camaraderie entre pilotes n’est pas une image pour ravir le marketing. Ils rigolent souvent entre eux, se chambrent, mais se félicitent également, se conseillent, et il n’y a pas de vrais problèmes ou de tensions. La aussi, on est loin de véritables rivalités virant au conflit ouvert qu’on trouve parfois dans certains championnats, e-sports comme sport auto « réel ». Et c’est rassurant !
Après les qualifications, je passe la soirée au lounge à faire plus ample connaissance avec les acteurs de ce week-end et quelques autres journalistes. Pas de doute, l’esprit « racing » est bien présent, et prépare ce qui va suivre les deux prochains jours.
SAMEDI
La journée du samedi commence par une visite exceptionnelle : celle du siège de la FIA !
Mais d’abord, parcours du combattant pour tenter de rejoindre la place de la Concorde, car comme vous le savez, Paris les samedis est une ville ou circuler même à pied peut être très compliqué…
J’ai mis une heure à rejoindre la Concorde mais heureusement, tout le monde est en retard. Il est plus de 11 Heures, la visite commence enfin par le superbe – mais trop court – Hall of Fame, ou des pièces exceptionnelles ayant appartenu à des pilotes trônent dans des vitrines et témoignent de la riche histoire du sport.
Nous montons ensuite dans les bureaux du siège, en passant devant celui du président Jean Todt, absent ce jour-là, où nous nous réunissons dans un endroit exceptionnel : le conseil mondial de la FIA, là où se prennent toutes les décisions, aussi bien sportives que sécuritaires ou écologiques !
Stéphane Fillastre, responsable marketing et licensing de la FIA, nous fait la visite des lieux et fait le point sur les missions de la FIA. On évoque notamment l’e-sport et son accessibilité, qui permet de courir à moindres frais. En effet, une console, le jeu et un volant, et pour moins de 400 à 700€, vous pouvez courir. Alors que pour une saison de kart, ça peut aller atteindre des nombres a six chiffres…
Mais on parle également de son importance grandissante dans le calendrier de la FIA, d’où la création du FIA-GTC, mais également de l’inclusivité ! En effet, la FIA veut pouvoir, avec le soutien des fédérations nationales, de Polyphony et d’autres partenaires, de permettre à un public qui n’a pas toujours la chance de pouvoir profiter du sport automobile, de la rendre accessible via l’e-sport, a tous les niveaux. Après le rassemblement, j’en profite pour parler un peu de cela avec M. Fillastre, qui me confirme que techniquement, c’est les sponsors, les créateurs, et les fédérations qui peuvent permettre une plus grande inclusivité. La FIA pourra ensuite légiférer et organiser un règlement et un planning.
Notre visite se termine plus tôt que prévu, un déjeuner était prévu à l’Automobile Club de France, mais avec les manifs, aucune livraison n’est possible. Toutefois, on nous a offert la possibilité d’aller sur la terrasse, près du toit du siège avant de rentrer au pavillon. En tant que photographe, je ne sais pas si j’aurais a nouveau la possibilité de photographier la Place de la Concorde et tout Paris ainsi, Mais voir cette grande place vide a quelque chose de satisfaisant et de grisant à la fois. Je me devais de capturer ce moment.
Retour au Pavillon pour le reste du programme : Une conférence de presse assez courte avec le nouveau partenaire du FIA-GTC, Toyota !
En effet, Toyota est bien présent, et pas qu’avec la Supra garée dehors. Tetsuya Tada, l’ingénieur en chef chargé de développer la voiture, rejoint Kazunori Yamauchi pour parler de deux choses : La Supra en elle-même, avec spécifications techniques a l’appui, l’esprit qui a mené à la renaissance de cette légendaire voiture, ainsi que le lien avec GT. Il faut savoir que Toyota fut le tout premier constructeur à avoir donné sa licence a Gran Turismo, après avoir vu et joué a une démo développé par Polyphony pour montrer le moteur graphique et physique. Ils furent tellement impressionnés qu’ils ont donnés le feu vert juste après avoir montré la démo au staff des directeurs !
Un juste retour des choses pour les deux parties, qui ont annoncés un nouveau tournoi : la GR Supra GT Cup ! Se courant évidemment sur GTS avec la dernière Supra, arrivé début mars dans le jeu, tout le monde peut y participer et tenter de se qualifier parmi les meilleurs. Toutefois, le prix est très différent. Le vainqueur de la Supra GT Cup se verra offrir par Toyota le rôle de pilote d’essai pour la Supra, afin de l’améliorer ! Le lancement du tournoi devrait se faire dans le courant de l’année.
Et maintenant, première course du week-end: la Média Cup!
Enfin, un tournoi « officieux », pour le fun. Sony a prévu justement une course entres les représentants médias en attendant la vraie première course, la Manufacters Cup. Elle sert aussi de répétition pendant que les pilotes derrières nous faisaient des répétitions de cérémonies du podium !
Évidemment, je m’y suis inscrit. Trois petites courses sur Autopolis avec la Toyota Supra GR Concept Racing, le vainqueur de la 1ère course rencontre celui de la 2ème en guise de finale ! D’ailleurs, c’est Sylvain Gauthier qui s’impose !
Et moi dans tout ça ?
Je courais dans la deuxième course. Parti 6ème sur une course de trois tours, je me bats comme un beau diable pour la 4ème place avec celui qui me précède avant de trouver l’ouverture au premier virage du dernier tour. Je suis alors bien plus rapide que le 3ème ! Mais en le pourchassant, je fais l’erreur stupide d’arriver un peu vite dans le dernier virage, une grande courbe droite qui se resserre sur une « cassure » à gauche, et je me retrouve dans l’herbe. Sous-virage, la voiture est partie droit sans pouvoir tourner. Par chance, je réussis à conserver un top 5. Plutôt content de ma performance, même si ça aurait pu être mieux.
Vient alors la première vraie course du week-end: la Manufacters Cup ! Enfin !
Après une session de qualification pour les six premières places pour la course 1, BMW apparait comme un favori face à Lexus, Nissan et Honda.
Pendant les courses, je m’active et regarde la course en même temps. Le Public vibre, hurle à chaque contact, applaudit à chaque départ et crie de joie à chaque passe d’armes en piste. L’ambiance était jusque-là studieuse et placide. Elle est devenue électrique !
Ne croyez pas que sur scène, il n’y a rien à voir. La véritable action, en tant que photographe, elle n’est pas sur l’écran géant qui diffuse les exploits de nos héros du week-end. Non. L’action, elle est sur le visage des compétiteurs. Le regard et la détermination de Yuta Tsunashima, de Nicolas Rubilar ou de Vincent Rigaud en dit beaucoup plus sur l’effort qu’ils donnent pour arriver à leurs fins que n’importe quel replay monté de façon télévisuelle. Rien ne les perturbe à l’extérieur, pas même les envolées vocales de Jimmy Broadbent ou de Donald Reignoux (oui, il était dans le box des commentateurs français !).
La course en elle-même est un vrai spectacle qui réserve ses surprises. Finalement, grâce à une régularité exemplaire et des faits de course qui ont fait mentir les pronostics, c’est Aston Martin avec un équipage composé de l’américain Christopher Marcell, le Britannique Tom McPherson, et le Japonais Yoshiharu Imai qui décroche la timbale face à Nissan ! L’explosion de joie de Imai sur le podium est sans égal, même face à ses heureux coéquipiers.
Et c’est justement sur le podium qu’on voit à quel point c’est du sérieux. Le podium est amené dès la fin de la course près de la scène, avec fumigènes, lumières blanches, puis vient les hymnes nationaux des vainqueurs, avant une formelle remise des prix par de hauts représentants ! Les montres Tag Heuer d’abord, et ensuite les trophées en cristal ! Le tout avec séances photos privées, dont j’ai eu le privilège.
Après un moment de flottement durant lequel je flâne autour de la Concorde, a lieu ensuite un diner royal au Westin, un hôtel huppé près de la Place Vendôme, avec serveurs, couverts en argent, mets exquis, et bons vins, ainsi qu’une ambiance certes reposante et luxueuse mais encore effervescente de l’excitation de cet après-midi. Je vous laisse admirer le faste de cette soirée…
DIMANCHE
Le dimanche, après m’être (grassement) reposé de la nuit dernière, tout le monde est rassemblé au Pavillon pour le déjeuner avant le vrai plat de résistance de ce week-end: la Nations Cup !
Tout le monde est chauffé à blanc, mais restent calmes et confiants. On comprend alors que l’enjeu n’est pas juste de gagner une course, mais à la fois de confirmer que Gran Turismo est maintenant un poids lourd de l’e-sport, d’assurer un spectacle sans faute, et pour les pilotes d’être au meilleur de leur forme pour gagner le passe vers la finale mondiale en Novembre. L’ambiance est un petit peu plus tendue que d’habitude.
Et à 14 heures, le show commence. Comme la veille, je m’active en slalomant entre caméras, publics, et installations pour tenter de prendre LE cliché de cette course qui s’annonce excellente. Toutefois, cette course fut aussi l’occasion de découvrir du nouveau contenu ! En effet, avec la venue de la Super Formula le 28 Mars, s’ajoute également trois voitures qu’on a pu voir en avant-première à Paris : La Lamborghini Countach 25th Anniversary de 1988, a.k.a la plus cool des Lambo, et la Ferrari 250 GT Berlinetta SWB de 1961, modèle légendaire qui allait annoncer la 250 GTO. La Lancia Stratos de 1973, que je surnomme « la petite tueuse », a cause de sa tendance à tourner en contre-braquage, était aussi présente, mais n’a pas courue dans les courses de la Nations Cup.
Le départ est donné pour la première demi-finale sur le circuit fictif de Lago Maggiore, et les Hizal, Kokubun, Rubilar et autres Latkovski foncent comment si leur vie en dépendaient. Hizal au volant de la nouvelle voiture semble désavantagée en virage face à Ryota Kokubun et sa plus fraiche Nissan 350Z, mais la vieille Italienne a beaux restes en ligne droite, bien servie par la détermination de l’Allemand a utiliser toute la puissance de son V12 virtuel.
Une superbe bataille en milieu de peloton fait le show et recueille les hourras du public. En effet, Anthony Duval se trouve dans la mêlée, et avec sa Jaguar Type-E, remonte Yamanaka, Brooks, Latkovski, et Yoshida, avant de faire l’arrêt aux stands obligatoire. Le tricolore, connu pour être un des meilleurs stratèges de la compétition a encore frappé et surprend tout le monde. Tandis qu’Hizal, toujours concentré, passe Blazsan et Rubilar, parti en pôle, pour faire l’undercut (c’est-à-dire ravitailler en avance d’un ou deux tours et tenter de prendre la tête en piste sur eux pendant leur ravitaillement) et ne plus jamais lâcher la tête. Blazsan manque toutefois de se faire prendre le podium par un Duval déchaîné, mais le principal est fait pour le français, soutenu par tout le public : il est qualifié pour la course principale !
On enquille direct sur la seconde demi-finale au Fuji Speedway, qui fut plus mouvementée encore !
Dès le départ, le ton est donné par les cris de surprise du public et la détresse de quelques pilotes : Fabian Portilla manque son freinage, bloque ses roues de son Audi R8 et fonce tel un missile sur le malheureux Adam Suswillo, victime collatérale du Chilien. Les deux pilotes termineront péniblement derniers, malgré leurs efforts pour accrocher la 10ème place, synonyme de repêchage.
Ce n’est pas la seule surprise. Igor Fraga, l’impressionnant brésilien, est loin devant lorsqu’il passe aux stands effectuer son changement de pneus obligatoire. Sauf qu’ils passent des gommes tendres… aux tendres. Ce qui est un non-sens. C’est alors qu’on réalise l’erreur fatale du champion en titre : il a fait une faute rarissime: appuyer trop vite sur le bouton de sélection ! Fraga est alors obligé de repasser par les stands le tour suivant pour changer ses gommes, cette fois sans faute. Mais le mal est fait : Fraga et sa Lamborghini Huracan sont loin derrière, mais il montrera sa supériorité en pilotage pur lors de sa remontée. S’il ne passe qu’en repêchage, en 5ème position, il a évité le pire.
Pierre Lenoir connaît par contre une explication houleuse pour le gain de la 8ème place face à l’Australien Dave Holland. Pare-chocs contre pare-chocs, « side by side », ça se serre, ça se coupe, ça se bloque, ça se cogne. Ce qui donne du fil à retordre a Wolfgang Reip, ex-vainqueur de la GT Academy, mais également commissaire en chef de la course… car oui, les pénalités donnés lors des courses du FIA-GTC sont des décisions humaines, vérifiés par des commissaires de la FIA, et non par un robot dans le jeu qui détecte si un choc ou un virage coupé a été fait volontairement. Bilan, un avertissement pour Lenoir et quelques secondes de pénalité pour Holland.
La course est conclue par la victoire du Hong-Kongais Jonathan Wong, impressionnant de régularité et de constance, pendant que derrière lui, la Portugais Carlos Salazar a réalisé une superbe deuxième place depuis la 11ème place sur la grille de départ, ainsi que les arrivées de Giorgio Mangano et Coque Lopez, qui confirme que leurs statuts de pilotes européens à surveiller n’est pas démérité.
Vient alors la course la plus disputée du week-end qui fait des heureux sur les écrans, et des furieux dans les baquets : la course de repêchage. Disputée sur Fishermans Ranch avec les voitures de rallyes du groupe B, Les quatre premiers de la course rejoindront les vainqueurs des demi-finales pour la course finale du week-end. Autant que cette deuxième chance, tout le monde veut la prendre.
Igor Fraga part en pole et cette fois, il ne fera aucune erreur. Il gagne la course et sa place pour la finale avec maestria. Derrière lui, Latkovski et Law, c’est la guerre. L’écart entre la 4ème et la 11ème place est ridiculement serré. On se bouscule et change de position à chaque virage, parfois plusieurs fois dans un virage ! Ce qui rendra mécontent plusieurs pilotes du niveau de pilotage de certains et de la gestion des commissaires des très nombreux incidents de course, trop laxiste au profit du spectacle. Il est vrai que la frontière entre le sport et le spectacle est souvent fine en sport automobile, mais avouons-le, en dépit des incidents de course ici, le sport était souvent là et était en soi déjà un spectacle. Pas besoin d’en rajouter artificiellement, quand on est déjà bien servi !
Le public a, en tout cas, apprécié. Il s’enflamme quand Lenoir, 6ème, passe dans le même virage au dernier tour Yamanaka et Wilk et prend l’avantage pour se qualifier ! Le Japonais et sa Hyundai Genesis tente de le remonter, mais lui et son compatriote Kokubun, sur Nissan GT-R, vont alors être éliminé, la Nissan par un choc contre la barrière qui l’envoie dans le mauvais sens, et la Hyundai par Dave Holland, qui crée alors le chaos pendant que Lenoir s’échappe et remporte sa qualification sous les cris de joie qui résonnent dans toute la scène !
On souffle quelques minutes avant que les pilotes replongent à nouveau dans leur bulle en enfilant les gants et en posant le casque audio sur les oreilles. La Finale de la Nations Cup arrive. En jeu, une victoire prestigieuse et une place assurée pour la finale du championnat.
Vainqueur de la course 1, Mikail Hizal part en pole position devant le vainqueur de la course 2, Jonathan Wong. Nicolas Rubilar est derrière, tandis qu’Igor Fraga, vainqueur du repêchage, part 9ème. Anthony Duval et Pierre Lenoir, représentants français, partent respectivement 7ème et 12ème.
La course démarre, et je prends alors un moment pour réaliser, une fois de plus, à quel point on pourrait confondre l’ambiance sur scène avec la chaleur d’un cockpit ou les chaises avec les tribunes devant un virage. Il suffit de pas grand-chose pour que cette course virtuelle ait l’aura d’une course réelle.
Rien que dans les termes utilisés, on ne parle jamais de « gaming », de « gamers » ou « players », de « top 1 », de « gagner une game », de « losers brackets » ou de « patterns »… Ici, on appelle les compétiteurs « pilotes », on parle de courses, de calendrier, de gommes, de stratégie. Lorsque les vidéos des pilotes passent, on se demande s’ils parlent toujours d’un jeu vidéo. Le fait que l’ambiance soit très professionnelle sans que ce soit profondément mercantile. Quand vous êtes au FIA-GTC, vous venez ici comme pour assister au professionnalisme d’une course de Formule 1, avec la chaleur humaine d’une manche du WRC et la passion qui se dégage de l’endroit comme au Mans ou à Indianapolis. On ne cherche pas à vendre de produits ou de jeux.
Gran Turismo n’est qu’un support de plus pour exprimer la passion de toute une famille, celle du sport automobile, de son histoire, et de son futur que GT se verrait bien représenter. Le produit à vous vendre, c’est la course. Tout ce championnat n’a été conçu que ça. Lors de l’after party, Yamauchi n’a pas manqué de remercier, après quelque pas de danse effréné sur de la house, de remercier les médias et les journalistes de couvrir l’événement, en ne manquant pas de faire référence aux premiers grands prix de Formule 1, ou pilotes, journalistes, managers, mécaniciens et représentant de sponsors étaient logés à la même enseigne lors des fêtes d’après grand prix. Il en profite pour rappeler que Paris était le lieu de départ de la toute première course automobile officiellement organisé par une association, en l’occurrence, la Paris-Bordeaux-Paris en 1895. Et que la siège de la FIA n’est qu’a 400 petits mètres du Pavillon Gabriel.
Avec le FIA-GTC, Gran Turismo essaye encore de franchir une étape dans l’évolution de l’automobile et du jeu vidéo, en essayant de faire avancer et rapprocher les deux domaines dans la même direction : animer la passion ardente de l’humanité pour la vitesse. Kazunori Yamauchi, la FIA, Sony, et tous ceux qui participent au FIA-GTC et a son expansion ne veulent pas être une petite histoire dans la grande. Ils veulent être l’histoire. Vous qui lisez ces lignes, cela peut vous paraître délirant de penser qu’un jour, ce qui est un championnat e-sport peut devenir le futur du sport auto, et moi aussi, avant ce week-end-là, je pensais comme vous.
Je pensais que même si la simulation pouvait servir le pilotage réel et même permettre à certains élus de réaliser le passage du virtuel au réel avec succès, les deux domaines ne pouvait pas se rapprocher plus. Mais là, tout me fait dire que nous sommes à l’aube d’un truc énorme. Oui, c’est encore perfectible, et on ne sait pas si GT s’est lancée dans cette bulle spéculative qui pourrait éclater, à cause du professionnalisme forcé de l’e-sport, de l’augmentation des coûts de diffusion mais aussi de compétition, et de la méfiance et du dédain de plusieurs parties ne voyant dans l’e-sport qu’une grosse rentrée d’argent à court terme. Mais ici, ça ne semble pas le cas. Tout semble solide. Il suffit de voir le sourire de « Kaz », heureux de toute cette réalisation et sans doute encore incrédule quant à l’évolution de sa licence et de sa vision, quand il remet les trophées aux vainqueurs, sur fond de musique inspirante. Mais quand on est visionnaire, on affronte toujours le regard méfiant de ceux qui ne voient pas l’intérêt d’un tel changement. Moi, je suis conquis, en tout cas. Et j’aimerais faire partie de la famille pour raconter à nouveau les foires d’empoigne de ces pilotes virtuels qui ressemblent beaucoup à leurs collègues réels, de cette vision du futur de l’automobile qui séduit le milieu, et de cette fusion du meilleur des deux mondes qu’est le FIA-GTC. Et si je vais toujours un peu loin, je vous invite à en reparler dans cinq ans. Dans le pire des cas, on aura eu un super championnat.
Mais pour l’heure, parlons de cette dernière course, qui prend sur le circuit nouvellement arrivé d’Autopolis.
Fraga gagne de suite deux places pour être 7ème en ayant des pneus durs, ce qui est déjà un exploit. Devant, la course est serrée, Wong, victime de la pression d’un Rubilar qui a déjà fait le meilleur tour en course, laisse passer le Chilien qui va poursuivre son effort sur Hizal. La course se décidera dans les stands. En tenant l’undercut, Mikail Hizal fera une erreur inhabituelle. En rentrant aux stands, l’Allemand arrive trop sous-vire, et tape le muret. Il perd une seconde dans l’affaire. Une seconde qui sera suffisante a Rubilar pour rester devant Hizal en ravitaillant. Les deux hommes vont passer le reste de la course ensemble à se surveiller. Malgré la pression de l’Allemand, le Chilien ne tremble pas et remporte alors une victoire méritée, bien qu’Hizal avait le tempo pour gagner aussi. Wong monte sur le podium en 3ème place, a l’issue d’un week-end mieux que prévu pour lui.
L’émotion de Nicolas Rubilar est palpable, et ses larmes de joie sont aussi brillantes que son sourire. Son frère Diego et son compatriote Fabian Portilla le rejoigne sur le podium, couverts par le drapeau Chilien pour chanter l’hymne national en chœur. Un moment exceptionnel pour celui qui avait toujours été malchanceux jusqu’alors, et qui dire plus en interview qu’il aimerait être un peu plus rapide pour rivaliser plus régulièrement avec les meilleurs. Nul doute qu’il n’a plus besoin de prouver qu’il fait partie de l’élite après une telle course ! Les sourires de Rubilar et Wong contrastent avec la moue d’Hizal, très décu de sa faute pendant la course. Cependant, il retrouvera le sourire un peu plus tard dans la soirée, et félicite bien entendu son adversaire, tout en s’excusant sur Twitter de son comportement qui n’était destiné qu’à lui-même, et non pas aux autres occupants du podium.
La course est terminée sur scène ! Maintenant, une autre course commence, celles des médias et des interviews ! les attachés de presse de Sony jouent les chefs d’orchestre et les journalistes accordent leurs stylos et leurs micros comme des violons. L’un des aspects les plus processionnaires (et un des moins fun pour les pilotes) commencent et dureront une trentaine de minutes. Je suis moi-même soumis à ce régime lorsque je demande à faire des photos du vainqueur.
Vient ensuite l’after, dernier acte de ce week-end riche en enseignements, en action et en émotions. En plus des pas de danse de Kazunori Yamauchi et d’une dizaine d’autres de personnes, je vais moi-même danser alors que je n’aime pas ça d’habitude ! Mais l’ambiance ultra-professionnelle a laissé place à la mégateuf, comme on dit dans Wayne’s World ! L’alcool coule à flot, des pilotes continuent de rouler sur les bornes et à faire des concours de drift pour les plus dissipés d’entre eux, les pilotes japonais éclatent de rire en s’échangeant des mêmes sur Twitter… Même les membres du staff qui, pendant le stream, pouvait parfois être dur, viennent me voir en me disant de danser et rigolent un bon coup ! Et lorsque je demande son avis au serveur du bar qui me sert un verre d’une liqueur de blé blonde, il me dit, dithyrambique, qu’avec ses enfants, il a vu la Nations Cup avant de partir au travail, et que c’était plus fun à regarder que la F1 ! Il s’exprime :
« si ça, c’est le futur de la course, ils ont mon abonnement ! C’est génial ! Et puis, on a bien vu que ce sont des professionnels. Je fais ce boulot depuis 20 ans, et franchement, j’adore l’ambiance aujourd’hui, ce n’est pas si souvent qu’on a une ambiance pareille. C’est comme à Monaco. La journée, on bosse, on est tendu, on fait de son mieux, et le soir, on s’éclate, on décompresse. »
CONCLUSION
Je dois vous le dire : j’ai été impressionné par les moyens mis en avant par Sony et la FIA pour faire un événement à la hauteur des enjeux. Lier deux mondes très différents, celui de l’automobile et de l’e-sport, n’était pas simple, même si le sim-racing a déjà prouvé qu’il était bon support pour le jeu vidéo compétitif. Mais une nouvelle d’arrivée a été franchie, et désormais, il faudra compter sur ce championnat qui est appelé à grandir. Ce week-end était incroyable sur beaucoup de plans, et personnellement, j’ai pu réaliser un rêve en plus de découvrir l’ambiance d’un championnat pas si éloigné de ses homologues réels. J’ai adoré chaque minute passé là-bas, à discuter avec les pilotes et les acteurs de cette première manche, à découvrir l’organisation d’un tournoi de très près, et de rencontrer l’homme qui m’a donné la passion du sport automobile avec le jeu vidéo, en plus de prendre ces clichés dans un cadre unique qui m’a permis de donner un visage humain a un sport « électronique », comme d’autres ont humanisé le sport automobile, que certains considèrent encore comme n’étant pas « un vrai sport ». Les deux disciplines ne sont pas si différentes, et gageons que cette alliance forgée par Kazonuri Yamauchi et son équipe perdurera dans le temps.
Je serais, dans tous les cas, ravi de couvrir d’autres manches du championnat si on m’en donne l’occasion !
J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont permis d’aller couvrir l’événement pour Neitsabes.fr ! Merci à vous tous de m’avoir donné cette opportunité unique.
(Un grand merci à @Walter_Start pour avoir été à cet événement et pour ce très bel article !)
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