Conquis par l’audace et le potentiel de Mars War Logs sur PC, j’attendais ce Bound By Flame de pied ferme. Le studio Spiders me paraissait à la hauteur de proposer un jeu abouti et de qualité d’autant plus que le titre est également disponible sur Playstation 4. Après quelques heures de jeu, le soufflé est très vite retombé, à mon grand désespoir.
À l’époque, Mars War Logs s’inspirait déjà des grands jeux du moment (The Witcher 2 en tête) et proposait quelque chose de très honnête au vu du faible budget alloué, et du prix de vente du titre. Bound By Flame aurait dû donc être tout naturellement l’évolution réussie à laquelle je pouvais m’attendre. Pourtant, mon excitation n’a cessé de dégringoler au fil des heures de jeu. Quelle terrible désillusion pour moi qui ai eu la chance d’assister à une présentation officielle par Walid Miled, le project manager du studio. J’étais très emballé à l’époque, et je croyais fortement dans le potentiel du jeu qui s’annonçait grandiose.
Une copie à revoir
Avant de parler des points positifs du jeu, il me faut énumérer la longue liste des choses plus ou moins désagréables que j’ai vécues tout au long de mon aventure ingame.
D’abord, le jeu est quelques fois buggé, jusque dans certaines quêtes qui ne s’accomplissent pas alors que l’objectif est rempli, où qui nous envoie dans un endroit alors qu’il n’y a strictement rien à y faire. Des bugs de level design également, où j’ai facilement pu me retrouver sous le décor en grimpant sur la tête d’un de mes camarades. À ce jour, ces bugs n’ont toujours pas été corrigés.
Graphiquement, le jeu est totalement inégal : les personnages sont globalement réussis, tant au niveau de la modélisation et de l’animation que des textures, mais les décors sont parfois terriblement laids. En effet, certaines fois, les textures plaquées imitent une impression de relief absolument dégueulasse et digne de la Playstation première du coup (voir ici et ici). C’est très étrange dans la mesure où d’autres décors sont, eux, très jolis.
En termes d’écriture, vous êtes un mercenaire, faisant partie d’une sorte de confrérie (les Lames Franches) qui ont été recrutés par des mages (les Érudits Rouges) pour les protéger pendant la réalisation d’un rituel. Celui-ci tourne mal, bien sûr, et vous vous retrouvez possédé par un démon, vous octroyant ainsi quelques pouvoirs surnaturels. Vous allez vite vous rendre compte qu’il y a anguille sous roche et que ce démon pourrait vous permettre de terrasser les armées de mort-vivants qui pullulent dans les environs suite à l’invasion du seigneur de givre. Ce dernier souhaite dominer la planète, histoire de rester dans l’originalité. Vous, vous aurez la tâche de choisir votre destin tout en affrontant ce seigneur jusque dans sa propre demeure. Quelques personnages secondaires sont de mise, mais sans être ni attachants. Leur profondeur psychologique ne se résume qu’à la relation qu’ils ont avec l’histoire et vous n’apprendrez rien de plus. On tombe alors lourdement dans les clichés :
- Le chevalier grand, musclé, viril, barbu prêt à se joindre à nous ;
- La sorcière dont on ne connait pas vraiment les intentions. Froide, individualiste et tellement courtement vêtue qu’on se demande même si elle a des tétons ;
- L’érudite rouge, fragile, innocente, amoureuse du héros malgré les choix que l’on fait à un moment du jeu ;
- Des elfes hargneux ;
- Un capitaine pragmatique, invincible, barbu (oui toujours) ;
- Un champ lexical ramenant la femme à une position secondaire : remarques sur la tenue de la sorcière totalement dispensable ; aucun personnage féminin puissant ; historique de la vie sexuelle d’un des personnages mort-vivant ; explications sur l’existence des concubines (ces monstres que vous devrez tuer à la fin du jeu) ;
Ensuite, au niveau du gameplay, si celui-ci est plutôt sympathique, en prenant des idées des The Witchers, Dark Souls, ou encore Dragon Age, on en fait vite le tour. Les pièges sont bien moins indispensables que dans Mars War Logs et vous pouvez terminer le jeu (ou presque) en ne restant qu’en mode guerrier ou rodeur sans JAMAIS en changer. Malheureusement, contre certains boss, et surtout le dernier, cela ne sera pas suffisant. Il faudra user de toutes les caractéristiques de votre personnage. Je vous épargne aussi la caméra et le lock capricieux qui empêchent bien trop souvent de combattre correctement.
En effet, autre point négatif, la difficulté très (très) mal équilibrée. Globalement, le jeu peut se jouer en regardant la télé, mais un ou deux boss sont un peu plus coriaces. Cependant, le dernier boss est littéralement cheaté. Il est probablement impossible d’éviter tous ses coups grâce à l’esquive du rodeur, ce qui implique d’avoir un stock gargantuesque de potions pour vous en sortir, mais ne comptez pas non plus les parer avec votre arme lourde : les dégâts passeront quand même. En sommes, un ultime ennemi exagérément trop difficile, je n’ai même pas réussi à battre, m’empêchant de terminer le jeu après ces 15 heures. En fait, la difficulté ne progresse presque pas, ce qui créé alors un gouffre énorme lorsque l’on arrive face au premier boss par exemple.
Enfin, le doublage (anglais uniquement, mais texte en français), bien que plutôt bien joué, n’est pas du tout en accord avec les attitudes des personnages. Ils restent stoïques alors qu’ils sont en train de crier par exemple.
Des choses à garder
Le système de craft, hérité directement de Mars War Logs est très intéressant et plutôt réussi. Il sauve selon moi le jeu. Vous pouvez ainsi adapter vos armes le plus possible à votre mode de jeu et aux ennemis qui se présenteront à vous. Certaines caractéristiques sont indispensables telles que la capacité d’interruption pour les armes lourdes, ou encore les dégâts furtifs et les chances de coups critiques pour les dagues. Vous pouvez néanmoins les améliorer pour vous protéger davantage du poison, de la magie, du gel, des coups physiques etc.
Globalement, l’interface elle-aussi est agréable et permet de trouver ses marques facilement et d’effectuer les actions voulues de manière assez satisfaisante. La possibilité d’avoir une carte en surimpression sur l’écran est parfois appréciable et les menus, bien que déroutants au début, sont bien organisés.
Avec une liste de défauts beaucoup trop longue, Bound By Flame rate complètement son objectif selon moi. Abouti sur aucun point à part sur le craft, le dernier né du studio Spiders n’a réussi qu’à me décevoir heure après heure et n’est pas réellement convaincant au vu des différents jeux qui sont actuellement présents sur la scène.
Merci pour le test , je viens de faire des économies.